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LE BLOG D'ANNE-LAURE BAILEY
Portraits d'auteurs : Samantha ROTHMANN

par Anne-Laure BAILEY, le 5 août 2022

Dans cette série de portraits d’auteurs, venez découvrir des écrivains et leur parcours. Auteurs auto-édités, en maison d’édition, pour le plaisir d’écrire, de transmettre ou pour en faire son métier, chacun vit sa propre expérience.

Retrouvez ces parcours inspirants au travers d’interviews exclusives.

Aujourd’hui, nous rencontrons Samantha Rothmann, auteure qui vit deux vies en une en conciliant son travail d’ingénieure et l’écriture de romans. Ses conseils avisés vous toucheront certainement. Et peut-être qu’à la fin de votre lecture, vous ne verrez plus les arbres de la même façon ! Mais chut, je n’en dis pas plus.

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Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Bonjour et merci de me permettre de me faire connaître.

Je m’appelle Samantha ROTHMANN, j’ai 33 ans, je suis dijonnaise. J’exerce la profession d’ingénieur dans la métallurgie et je suis passionnée de musique et de littérature.

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Pourquoi avez-vous commencé à écrire ?

L’écriture a toujours été pour moi une évidence, une passion, avant même celle de la lecture ! Selon moi, la création, qu’elle soit artistique ou autre, est primordiale. Écrire est une façon de laisser une trace de son passage sur terre.

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Comment vous est venue l’idée d’écrire votre premier roman ?

Petite, je me suis toujours sentie en décalage avec les autres enfants. J’avais des facilités en classe, je trouvais que le rythme n’était jamais assez soutenu. Et pour ces raisons, j’étais moquée, brimée, harcelée. À mon entrée en sixième, confrontée à une idiotie et à un laxisme généralisés, je me suis dit, du haut de mes onze ans : « Ce n’est pas possible, ce que je vis n’est pas normal, il faut que je l’écrive. » Ce que j’ai fait, avant d’abandonner et d’alimenter alternativement le manuscrit au fur et à mesure que le temps passait. En 2020-2021, j’ai décidé de l’éditer. Mémoires d’un serpent à lunettes retrace mon parcours d’ancienne élève harcelée, d’étudiante, mon expérience dans l’enseignement des mathématiques, et met en lumière les dysfonctionnements dans l’Éducation nationale.

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Quel type d’édition avez-vous choisi ? Pourquoi ?

Pendant le premier confinement, j’ai envoyé mon manuscrit à deux ou trois grandes maisons d’édition parisiennes, avant de m’apercevoir de l’inutilité de ma démarche. Avec le nombre d’écrits en lice, et en l’absence d’introduction, il était statistiquement impossible que mon manuscrit soit retenu. Il faut dire aussi que j’ai commis quelques erreurs de présentation que je ne referais plus aujourd’hui. Je ne souhaitais pas non plus être éditée à compte d’auteur ou par de petites structures à compte d’éditeur (rien de péjoratif dans mes propos !). C’était Gallimard ou rien ! (Rires)

Je me suis donc tournée vers l’autoédition. Et je ne regrette pas mon choix. Bien que ce mode d’édition exige un travail colossal, il a été formateur à tous niveaux : réécritures, mise en page, design de la couverture, communication, marketing… L’autoédition me procure à chaque fois un sentiment de liberté inégalé. Et à présent que j’y ai pris goût, il me serait difficile d’y renoncer.

 

En autoédition, vendre ses livres est un vrai défi. Comment organisez-vous le « marketing » de vos livres ?

Effectivement, le marketing est la partie la plus épineuse. Je dirais même que c’est l’autopromotion qui est problématique. Puisque par définition, vous êtes votre propre éditeur, vous êtes juge et partie. Pourquoi les lecteurs vous croiraient-ils sur parole ? C’est là que le réseau et le facteur chance entrent en jeu. Il faut bien à un moment ou à un autre que des lecteurs osent franchir le pas auprès de cet auteur inconnu pour créer, si le livre est bon, un effet boule de neige auprès des autres. Pour ma part, je communique seulement sur Facebook et je participe à des salons du livre dans ma région, en Bourgogne.

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Votre roman est disponible via le programme KDP Select. Pourquoi avoir choisi d’inscrire votre manuscrit à ce programme ?

(Notamment, cela coupe des autres distributeurs d’ebook tels que Kobo par exemple)

Pour vous dire la vérité, je ne me suis même pas posé la question de Kobo, que je connais mal. À mon sens, KDP Select est devenu incontournable pour les auteurs autoédités.

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Comment arrivez-vous à conjuguer votre travail de tous les jours et l’écriture ?

Justement, j’ai bien du mal ! (Rires) Depuis deux ans, en effet, toutes mes soirées sont entièrement consacrées à l’écriture ou à des tâches liées à l’autoédition. J’ai deux vies en une. J’écris principalement le soir et la nuit, propice à l’inspiration. L’inconvénient de ce rythme effréné est évidemment la fatigue. Son avantage est qu’en étirant naturellement le temps de réalisation d’un livre, il allonge aussi le délai de réflexion. De nouvelles idées me traversent l’esprit encore parfois plusieurs mois après le début de l’écriture, des idées que je n’aurais jamais eues en écrivant mon livre d’une seule traite. C’est un autre mode d’exploration de la pensée qui permet d’affiner son scénario et de ciseler son verbe.

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Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner aux auteurs qui se lancent actuellement dans l’aventure ?

Mais qui suis-je pour leur donner des conseils ? (Rires) Je pense que comme moi, ils se forgeront leur propre expérience. Toutefois, voici ce que je leur dirais : premièrement, le monde est injuste. Aussi qualitatif soit leur livre, ils doivent savoir que personne ne les attend, ni les maisons d’édition, ni les lecteurs. Je ne dis pas cela pour les décourager dans leur entreprise, mais pour leur éviter une amère déception. Il ne faut pas non plus qu’ils écrivent pour s’enrichir, mais par passion et simplement pour être lus. Ils doivent en outre être capables de supporter la critique, voire la malveillance et la jalousie.

Les auteurs autoédités, en particulier, doivent savoir qu’ils devront travailler non pas deux fois, mais dix fois plus que leurs homologues à compte d’éditeur : il ne faudra pas lésiner sur les relectures, les corrections, la mise en page, leur texte descriptif, le marketing, la communication, etc. La correction est primordiale : vous devez impérativement corriger ou faire corriger votre livre avant publication. Des fautes d’orthographe, des tournures maladroites ou un style incertain décrédibiliseront votre travail et contribueront à entretenir la défiance envers l’autoédition. Il faut donc se surpasser en tous points. Il en va de même pour la couverture.

Enfin, il faut résister à la tentation d’écrire pour écrire : le nombre de livres publiés chaque année ne présage en rien de la compétence de l’auteur. À moins de s’appeler Balzac ou de disposer dans ses tiroirs d’un stock prêt à être édité, il est impossible de publier six livres qualitatifs par an. Une écriture riche nécessite toujours un temps de réflexion et de décantation de la pensée.

 

Quels sont vos projets d’écriture actuellement ?

Je viens d’éditer mon dernier roman, un conte fantastique intitulé Alphan, une légende morvandelle et je suis actuellement en pleine phase promotionnelle. Permettez-moi de vous le présenter brièvement : l’histoire commence en 1777, dans les épaisses forêts du Morvan. Au cours d’une promenade, alors que l’orage se déchaîne, une famille se réfugie sous un arbre mystérieux. Hélas, les sept membres de la famille meurent les uns après les autres, dans l’année. Naît alors la légende de l’Arbre, qui fait trembler les habitants du petit village morvandiau. Quarante ans plus tard, Alphan et Anthélia, deux jeunes paysans, aperçoivent à leur tour un arbre étrange dans cette même forêt. Anthélia met en garde Alphan : « Ne serait-ce pas l’arbre de la légende ? Mieux vaudrait ne pas s’en approcher. » Mais son ami se moque d’elle et fait fi de ses avertissements. Or malheur à celui qui défie le pouvoir de l’Arbre ! Alphan vient de déclencher, malgré lui, une terrible malédiction…

Mon prochain livre sera un essai philosophique sur l’existence de Dieu. Mais avant de m’y plonger sérieusement, je me réjouis d’avance de pouvoir effectuer cet été la tournée des salons pour rencontrer mes lecteurs.

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